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Les musiques arabes

Introduction

La musique arabe s'étend sur une aire géo-culturelle très vaste
  • Maghreb auquel on associe la Mauritanie et la Lybie

  • Machrek, y compris la péninsule arabe, l'Egypte et le Soudan

Au delà,

  • Turquie, Iran, Kurdistan, Azerbaïdjan et Afghanistan

  • Inde du Nord et Pakistan

  • Afrique, Asie centrale et Europe islamisées

Ces musiques sont basées sur un système tonal avec quelques variations selon les aires géo-culturelles mais, elles sont toutes caractérisées par le Maqam. genre modal qui s'exprime par l'improvisation selon des règles bien définies, modales et rythmiques, etc.

Concernant la culture arabe proprement dit, elle se distingue des cultures persanes et turques par,

  1. la langue

  2. l'Islam

  3. les traditions

En ayant la connaissance de ces facteurs, il devient plus aisé d'être pénétré par cette culture.

A l'heure actuelle, il est impossible de ne pas tenir compte des mouvements et des courants politiques, religieux, sociaux voire « révolutionnaires » et autres. Indéniablement, ils peuvent exercer une influence certaine sur la vie musicale, parfois même, menacée.

Les origines de ces musiques remontent à des périodes pré-islamiques, bien lointaines.


Aperçu historique

La Djahiliya, la période pré-islamique jusqu'en 632

Dans les ouvrages consultés, les plus anciens documents retrouvés décrivant les pratiques musicales arabes datent du VIème siècle après J.C., 100 à 150 ans avant l'avènement de l'Islam en 632.


La Djahiliya désigne dans le Coran la période pré-islamique caractérisée par la présence dans la péninsule arabique d'un panthéon d'idoles. La société était alors divisée en tribus et la loi qui prévalait était celle de la solidarité tribale.

Néanmoins, cette période « d'ignorance » remonte à beaucoup plus loin, peut-être plus d'un millénaire.


Sa vie musicale était centrée sur la qaïna, quiyan au pluriel. Etablie dans les cités commerçantes importantes de la péninsule, Médine, la Mecque, du Yémen, sa fonction n'avait rien d'équivoque, courtisane dispensant chant, boisson et sensualité. Elle pouvait être indépendante ou être au service d'un seul maître. Nombre de nobles ou seigneurs abritaient dans leurs palais un grand nombre de quiyan.Leur talent consistait à déclamer les vers des grand poètes de l'époque, mais aussi de les chanter. Cela supposait donc qu'elles maitrisaient parfaitement et la langue, et l'art du chant et de l'improvisation.

Durant cette période, deux styles d'art vocal se sont individualisés

  • les chants des peuples sédentaires, en particulier celui des quiyan

  • les chants des peuples nomades, celui des chameliers, plus rudimentaire et rythmés sur le pas du dromadaire

L'art des quiyan, très apprécié a prospéré bien après l'apparition de l'Islam, jusqu'au IXème siècle. Leur art vocal, très élaboré, dans le fond et la forme a caractérisé cette Djahiliya. Ces chants, bien qu'arabes de part l'origine, la répartition géographique et la langue ont du être malgré tout influencés par les cultures voisines. Dans ces grands centres commerciaux où elles étaient établies, on retrouvait dans la population, des Persans, des Egyptiens, des Byzantins ou des Ethiopiens. Toutes les religions et les païens cohabitaient.

Les chants des quiyan, malgré toutes ces influences étrangères, issus et reflets de la grande poésie contemporaine ont gardé leur caractère typiquement arabe.


La tradition musicale classique et l'arrivée de l'Islam de 632 et 850

Jusque vers 660, l'Islam vis à vis de l'art musical reste neutre et l'art vocal des quiyan, des nomades ou des populations sédentaires a pu sans difficultés maintenir sa tradition, sans aucun changement.Plus tard, malgré les interprétations diverses et contradictoires par les théologiens de certains versets du Coran qui se rapportaient à l'art vocal, chant et musique ont continué de prospérer.

Pendant cette période de domination des Omeyyades, piété et religion d'un côté et art vocal et musical ont cru en parallèle.


Avec la montée de l'Islam et les conquêtes de la Lybie, de l'Egypte, de la Palestine, de la Phénicie, de la Syrie, de la Perse et de l'Irak mais, pas de l'Asie mineure, prisonniers et esclaves provenant des pays conquis furent déportés en masse vers la Médine. Cet afflux a transformé les moeurs et coutumes et les arabes ont phagocyté divers éléments provenant de toutes ces civilisations voisines. En les assimilant et les adaptant à leurs propre civilisation ces « héritages » grecs, romains, persans, babyloniens, assyriens ou égyptiens ont influencé et enrichi les arts et en particulier les musiques des arabes du Hedjaz, la région ouest de la péninsule arabique bordant la Mer Rouge comprenant notamment les provinces des cités les plus connues, Médine et La Mecque.


Aux quiyan, s'ajoutèrent des chanteurs hommes à tendance homosexuelle plutôt travestis et maniérés étaient appelés Moukhannath ou Mouali. Parmi tous ces artistes qui perpétuaient le répertoire de la Djahiliya,certains 'sétaient rendus célèbres, la chanteuse arabe Azza al-Maïla et le chanteur perse Nachit.


Pendant ces 30 premières années de l'Islam et le règne des Omeyyades jusqu'en 750, malgré toutes les influences extérieures notamment persanes et byzantines, les chants restent exprimés en arabe et les termes musicaux et les noms des instruments de musiques portent des noms arabes. Seuls les styles vocaux ont empruntés à ces cultures créant ainsi un style original propre au Hedjaz. Médine reste le centre culturel source de toute la vie musicale alors que, dès 661, c'est Damas la véritable capitale.A cette époque furent écrit les premiers traités sur la musique de Médine et du Hedjaz par le chanteur Younes al-Katib disparu en 765, al-Mausali et al-Isbahi au IXème et Xème siécle. Parmi les chanteurs et chanteuses les plus connus, citons Djamila, Ibn Soura'dj, Ma'bad, Touaïs. Malgré l'importance culturelle de ce centre avec sa suprématie sur les styles vocaux persans, éthiopiens ou byzantins, l'abondance des chanteurs et musiciens, aucune transcription mélodique ou rythmique n'a pu traverser les siècles et nous parvenir mais cette tradition musicale classique s'est maintenue, grâce à la transmission orale. Touaïs(632-710) l'un des premiers maître de Médine, connu aussi pour ses moeurs efféminées, fut à l'origine du style vocal « al-Ghina'al-Mouqhan » caractérisé par un chant avec un rythme mélodique indépendant du mètre poétique.
  • Touaïs eut comme élève Ibn Souraïdj, lui même enseigna à Algharid

  • Sa'ib Khatir, contemporain de Touaïs fut le maître de Ma'bad et de Younes al-Katib. Ce dernier mit en musique ses chants dédiés à sa bienaimée Zaïnab, les Zaïanib.

  • al-Katib enseigna à Siyat et Ibrahim al-Mausili.

  • Ibn Djami' et Ibn Al'aoua', en collaboration avec al-Mausili, rassembleront pour Haroun al-Rachid les cent meilleurs chants de l'époque.

Ce chant ou saouat, se composait généralement de deux vers mais la mélodie pouvait appartenir à un ou plusieurs chanteurs. Ma'bad s'était rendu célèbre par ses chants nommés Houssoun, Younous al-Katib par ses Zaïanib. Chacun pouvait « acheter » un Saout à son compositeur qui le lui chantait à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'il le retienne parfaitement. Beaucoup d'informations existent concernant ces chants mais elles ne nous permettent pas de restituer leurs mélodies. Cependant des précisions ont été apportées sur le nom du poète, le rythme, le texte et la métrique, ainsi que sur le système tonal de cette tradition de chant arabe classique. Le mode était fixé par sa note de départ et, le deuxième ou troisième degré joué sur le manche du luth avec respectivement l'index et le médius ou l'annulaire. L'intervalle entre la note initiale et la note suivante pouvait vraisemblablement être d'un demi-ton ou d'un ton  eux-même plus ou moins grands.


La Rénovation de l'ancienne tradition musicale arabe à Bagdad et Cordoue (825-1258 et 1492)

La première moitié du IXème siècle vit le déclin d'ancienne tradition musicale du Hedjaz, remplacé par un courant nouveau, venu de Perse et mis au jour à Bagdad. Ce mouvement fut porté par le chanteur et oudiste Ibrahim al-Mahdi (779-839). Ishaq al-Mausili et ses contemporains se sont opposés, en vain, à ce renouveau et à cet assouplissement de la tradition


Outre cette querelle entre anciens et partisans du renouveau, un autre conflit opposa le grand musicien de la cour de Haroun al-Rachid, Ishaq al-Mausili et l'un de ses élèves des plus doués, finalement devenu rival, Zirïab. Al-Mausili fit savoir à son souverain qu'il ne souffrirait une telle concurrence, néfaste et dangereuse et conseil lui fut donné de quitté Bagdad sans attendre. Zirïab quitta son pays pour l'Andalousie où les Omeyyades avaient également émigré après la chute de leur dynastie en 750 à Damas. Ziräb fût accueilli à bras ouverts à Cordoue par le Sultan Abdel Rahman II.


Ziräb fonda à Cordoue une école de musique et, riche de son héritage traditionnel que son maître Ishaq al Mausili lui avait enseigné, s'en libéra peu à peu. Il fonda, à Cordoue, ce courant à l'origine de la musique andalouse qui s'étendit à Séville, Valence, Grenade et Tolède.

La musique andalouse que nous connaissons aujourd'hui, ainsi que la tradition vocale du Maghreb sont les héritières directes de ces traditions musicales, introduites par Zirïab chassé de Bagdad au IXème siècle après que les arabes quittèrent l'Espagne pour l'Afrique du Nord durant la Reconquista, jusqu'au XVème siècle.




La décadence



La fin de la domination ottomane



Un peu de théorie

Nous allons développer dans cet article une théorie simplifiée de la musique arabe, compréhensible par tous. Il sera forcément incomplet. La tâche est immense, l'article sera complété au fur et à mesure...

Nous espérons éveiller votre curiosité et, vous donner envie

d'aller un peu plus loin...


Les musiques arabes sont nées d'interactions entre diverses cultures et elles ne sont que la continuité d'autres cultures, notamment grecques anciennes.

C'est la poésie qui lui a donné naissance. Les poèmes, de récités, ils ont été chantés. Naissance de la mélodie, des modes, des maqamat.

Le rythme est venu ensuite, donnant à la mélodie des accentuations. Il pourront être"fixés" par le texte ou libres.


La théorie repose donc sur ce tryptique:

- la poésie: le texte

- la mélodie: le système tonal, les modes, le maqam

- le rythme: libre ou fixe


Sommaire:


LE SYSTEME TONAL ARABE I

  • La représentation exacte du système tonal est basée sur le luth, le Oud. Chaque son correspond à la position particulière des doigts sur la touche* du oud. Il n'y avait pas de système d'écriture tel que nous le connaissons aujourd'hui. Cela explique que chaque son a un nom différent.
  • Le son le plus grave, Yakah, correspond au son le plus grave que permettait la tessiture du chanteur. L'octave supérieure, Naoua, et l'octave suivante, Ramal Touti. Les instruments s'accordaient sur ce " diapason"*.
  • Ce n'est que vers la fin du XIXème siècle que les premiers essais de correspondances avec le système occidental ont été proposés. Le Yakah ayant une hauteur dépendant du chanteur, variant d'une quarte* descendante ou ascendante, ce n'était pas gagné!
  • Cet ambitus de 2 octaves* est généralement suffisant et n'ont été nommés que les sons compris dans ces 2 octaves (48 en tout). Cela n'exclue pas la possibilité d'avoir des sons au delà, plus aigus ou plus graves.
  • Initialement, les musiciens se sont mis d'accord sur la correspondance, entre le son le plus grave: Yakah et . Plus tard, après la fin de la domination turque, le Ré a été remplacé par le Sol. Bien que, je le rappelle, ce fameux Yakah n'ait pas de hauteur fixe!

Ca va? Tout le monde suit? OK

Tenez-vous bien, nous allons approfondir mais, ce sera pour le plus grand bien de nos oreilles.



Les musiciens occidentaux ont codifié leur théorie musicale à partir de la gamme* tempérée. Chaque note de cette gamme est séparée de sa suivante par un intervalle "fixe", une seconde majeure ou mineure, la valeur d'un ton ou d'1/2 ton.

Cette gamme peut se subdiviser en 12 demi-tons donnant alors la gamme chromatique.

  • Déjà une différence:

Système occidental, gamme sur une seule octave

Système arabe basé sur une échelle d'une double octave.


  • Et puis encore:

- 12 intervalles pour la gamme tempérée.

- 48 intervalles "au moins" pour la double octave du système arabe! Avec même des valeurs variables!!

Ca va toujours?



Comme je l'écrivais précédemment, la note la plus grave de cette double octave est Sol, Yakah ou Yak-gah.

Cette gamme fondamentale constitue l'ossature, la charpente de ce système tonal.

Chacune de ces notes soutient cet ensemble. Ce sont elles que l'on retrouve le plus souvent dans les différents modes ou maqam* ou, comme note de départ de ceux-ci.

Entre chaque "pilier" existent des degrés intermédiaires, un, deux, parfois trois ou aucun. Leur niveau d'importance est codifié, hiérarchisé.


Vous remarquerez:

- l'octave moyenne qui va du Do grave au Do aigu ou, du degré Rast à Kardan.

- les Mi et Si ou Sah-gah et Iraq qui sont précédées d'un bémol* barré? Cette altération non usuelle dans le système occidental est appelée demi-bémol. Nous allons voir tout cela en détails dans le chapitre II




la gamme arabe, d'après Rodolphe d'Erlanger
la gamme arabe, d'après Rodolphe d'Erlanger

LE SYSTEME TONAL ARABE II

L'octave moyenne:


La gamme arabe fondamentale parait résulter en fait de l'extension vers le grave et vers l'aigu d'une octave princeps qui en occupe le "centre", l'octave moyenne.

Cette gamme a été nommée Rast, se référant au nom de son 1er degré.

Rast signifie régulier, normal. Elle aurait été choisie parce qu'une voix normale émettrait cette succession mélodique de note, naturellement.


Le demi-bémol:


Je n'ai pas trouvé de police de caractère me permettant d'écrire dans le texte ces altérations et, j'utiliserai les symboles suivants:

  • - abaisse un son d'1/4 de ton,
  • b abaisse un son d' 1/2 ton
  • + élève un son d'1/4 de ton
  • # élève un son d'1/2 ton.

Ainsi, entre La et Do, nous aurons successivement:

La ... La+/Sib-... La#/Sib ... Sib+... Si ... Si+... Do

....1/4...............1/4.............1/4......1/4...1/4....1/4....


Entre La et Sib+, l'intervalle est de 3/4 de ton

Entre Sib+ et Do, même intervalle de 3/4 de ton


Dans la gamme fondamentale, ces notes ont leur nom propre, du grave vers l'aigu:

  • Sib+....................................Iraq
  • Mib+..........Sikah ou Sag-kah
  • Sib+...................Aoudj ou Awj
  • Mib+.....Bouzourk ou Buzurg

Et ces notes sont aussi IRREDUCTIBLES que les gaulois du village de Babaorum! Pour toutes les autres notes, il a été trouvé un équivalent dans la gamme tempérée mais CELLES-CI, IMPOSSIBLE!

Ce sont des notes piliers, elles sont des pièces maîtresses dans l'ossature de la gamme fondamentale.



Tous les savants, érudits, etc...s'y sont frottés depuis des siècles, ces notes sont INDISPENSABLES. Elles ne peuvent etre éludées, effacées ou que sais-je encore. Leur élimination équivaudrait à une destruction pure et simple de cette "tradition" musicale.




LE SYSTEME TONAL ARABE III

Les notes "irréductibles":


Alors ces irréductibles?

Leur origine viendrait de la position des doigts du musicien sur le manche du oud, en 1ère position.

Il existe de nombreux accords pour le oud. A l'origine de cette gamme arabe, le oud avait ses cordes libres accordées ainsi, du grave vers l'aigu, pour les 3 premiéres cordes: Yakah, Rast, Djaharkah.



Sillet -------I


--Fa---------l------------Sol2-l-----------------------------------------

Djaharkah


--Do---------l-------------Ré--l------ Mib+-l-Mi-l---Fa-l------------

Rast

-Sol1--------l--------------La-l-------Sib+-l-Si--l---Do-l----------

Yakah


Lorsque les doigts appuient sur la touche du oud, naturellement, pour la corde Yakah:

- l'index donne le La

- le majeur ce fameux Sib+

- l'annulaire le Si

- l'auriculaire le Do

Pour les instruments frettés, c'était la position de la ligature.


C'était comme si le majeur se posait à un endroit intermédiaire entre le La et le Do, divisant cet intervalle de tierce en 2 intervalles de seconde qui ne sont ni mineure, ni majeure.


Ces secondes sont qualifiées de neutres ou médianes. Elles sont à peu près égales et correspondent environ au fameux 3/4 de tons. Ouf...


Exercice: vous faites la même chose avec la corde Rast. A vous de jouer!







TABLEAU RECAPITULATIF DES SONS DE LA GAMME ARABE

d'après Rodolphe d'Erlanger
d'après Rodolphe d'Erlanger

Je n'ai pas pu faire mieux pour la qualité de l'image.


Les notes piliers en MAJUSCULE et caractères gras.

Les moins souvent utilisées en minuscule et en gras

Celles rarement utilisées en italique.


  1. YAKAH....................SOL
  2. Tik Yakah.................Sol+
  3. Qarar Hisar.............Sol#/ Lab
  4. Qarar tik Hisar.........Sol#+/ Lab-
  5. OUCHAÏRAN..........LA
  6. Qarar nim Adjam.....La+
  7. QARAR ADJAM.....SIb
  8. IRAQ.........................SIb+
  9. QAOUACHT............SI
  10. Tik Qaouacht...........Si+
  11. RAST........................DO
  12. Nim Zirkoulah..........Do+
  13. Zirkoulah..................Do#/Réb
  14. Tik Zirkoulah............Do#+/Réb-
  15. DOUKAH.................RE
  16. Nim Kourdi...............Mib-/Ré+
  17. KOURDI...................MIb
  18. SIKAH.......................MIb+
  19. Bouzalik....................Mi
  20. Tik Bouzalik..............Mi+/Fa-
  21. DJAHARKAH..........FA
  22. Nim Hedjaz...............Fa+/Solb-
  23. Hedjaz.......................Fa#/Solb
  24. Tik Hedjaz................Sol-/Fa#+
  25. NAOUA.....................SOL

Voilà pour les sons de la première octave. Pour la deuxième, les noms diffèrent mais la hiérarchie est la même.



LES GENRES

Eléments constitutifs des modes de la musique arabe

Dans la musique occidentale, le cadre essentiel reste la gamme avec ses caractéristiques, majeure ou mineure et, la tonalité. L'ensemble ayant pour cadre, l'intervalle d'octave.

Dans le système modal arabe, la cellule première, comme les modes grecs est, le tétracorde. Intervalle de quarte.


Je cite en exemple quelques modes grecs:

  • Mode Ionien:

IDo------Ré------Mi---Fa--II--Sol------La------Si---DoI

Il est caractérisé par 2 tétracordes successifs, identiques avec la même succession d'intervalles, séparés par 4/4 de tons.

  • Mode Lydien:

IFa------Sol------La------Si-II-Do------Ré------Mi---FaI

2 tétracordes différents et séparés par 2/4 de tons.

  • Mode Mixolydien:

ISol------La------Si--Do--II--Ré------Mi--Fa------SolI

Ici, 2 tétracordes successifs mais, non identiques et séparés de 4/4 de tons.


Dans ces exemples, les premiers tétracordes caractéristiques de chaque mode ont leur tierce qui est majeure. Sa "couleur" sera majeure.

Les modes commencant par les notes Ré, Mi ou La auront une "couleur" différente, mineure, la tierce du premier tétracorde étant mineure.


Dans la musique arabe, à partir de la gamme fondamentale que nous avons décrite, nous allons extraire ainsi des tétracordes qui chacun, selon sa succession d'intervalles caractéristiques, donnera naissance à tel ou tel genre, avec une "couleur" spécifique: Gaie, triste, mélancolique, joyeuse, féminine, fierté, virilité, sentiment amoureux, etc...


Parmi les différentes combinaisons d'intervalles, certaines sont dissonantes ou ne donneront que des expressions mélodiques pauvres, peu colorées. Comme les règles d'harmonie ou de composition du système occidental, il ya des règles qui régissent la combinaison de ces intervalles. Nous n'entrerons pas dans ces détails.


Nous décrirons dans le chapitre suivant, la classsification de ces genres ou de ces successions mélodiques les plus utilisés.


Ca va toujours? N'ayant toujours pas de retours de commentaires, je suppose que vous suivez....



CLASSIFICATION DES GENRES I

Tableau récapitulatif des intervalles de la gamme arabe. Classement de genres

intervalles129.jpg

I. Les intervalles qui entrent dans la composition des différents genre la musique arabe:

  • (1) Intervalle de 2/4 de ton: il correspond au 1/2 ton mineur de la gamme occidentale.
  • (2) Intervalle de 3/4 de ton: c'est celui que nous venons de décrire, il n'a pas d'équivalent dans le système occidental.
  • (3) Intervalle de 4/4 de ton: il correspond au ton majeur de la gamme que nous connaissons.
  • (4) Intervalle de 5/4 de ton: pas d'équivalent non plus.
  • (5) Intervalle de 6/4 de ton: c'est la tierce mineure ou la seconde augmentée du système européen.

II. Les genres diatoniques, ils sont obtenus à partir des degrés de la gamme occidentale:

Il y en a 3. Ils correspondent aux modes grecs ionien, dorien et phrygien. Les intervalles qui ne sont forcément que des tons entiers(4/4) ou des 1/2 tons(2/4) sont combinés ainsi:

  • ton, ton, 1/2ton: genre TSAHAR-GAH
  • ton, 1/2ton, ton: genre BUSAH-LIK
  • 1/2ton, ton, ton: genre KURDI

III. Les genres diatoniques sont obtenus à partir des degrés de la gamme fondamentale arabe avec ses fameux Si et Mi abaissées d'1/4 de ton, environ:

Ils sont plus nombreux. Les intervalles utilisés ne sont que des tons entiers(4/4) et des tons "irréductibles" de la valeur de 3/4 de tons.


IV. Les genres "chromatiques"utilisent, dans le même tétracorde, l'intervalle de seconde augmentée(6/4) associé à 2 intervalles de la valeur de 1/2 ton ou 1/4 de ton.


V. Les genres particuliers, non classables dans l'un des genres précédents.


C'est simple non?


Si l'on compare avec la musique occidentale

  • avec ses gammes majeures ou mineures,
  • les armatures en dièses et bémols,
  • les altérations accidentelles,
  • les bécarres qui annulent l'effet des altérations à la clé,
  • les altérations différentes dans les gammes mineures selon qu'elles sont ascendantes ou descendantes
  • avec les règles de l'harmonie ou du contrepoint

...


CLASSIFICATION DES GENRES II

Les genres diatoniques

Pour ne pas vous effrayer, je resterai le plus simple et le plus clair possible. En effet, il peut exister plusieurs noms différents pour un "même" genre ou pour un même "famille"de genre selon les ouvrages, les auteurs ou les époques...

Il y a bien des différences mais, elles restent subtiles et vous les apprendrez par vous même si vous....approfondissez...
Je simplifierai donc en donnant des noms "génériques".


I. Le genre TSAHAR-GAH: 4/4, 4/4, 2/4 + (4/4)


Cette disposition d'intervalles diatoniques correspond à celle du mode majeur de la musique occidentale, le mode Ionien. Les deux tétracordes sont séparés par un ton.



do------ré------mi---fa-(4/4)-sol------la------si---do



Tsahar-gah signifie 4ème position ou 4ème degré. La note Do étant le 4ème degré de la gamme fondamentale arabe qui débute par la note Sol.


On retouve cette même disposition d'intervalles dans un mode appelé Adjam qui repose sur la note Sib (Qarar Adjam).


II. Le genre BUSAH-LIK: 4/4, 2/4, 4/4 + (4/4)


Cette disposition correspond ici au mode mineur de la musique occidentale, au mode Dorien des grecs. Les deux tétracordes sont séparés par un intervalle de un ton.


ré------mi---fa------sol-(4/4)-la------si---do------ré


III. Le genre KURDI: 2/4, 4/4, 4/4 + (4/4)


C'est également un mode mineur, selon la musique occcidentale. Il correspond au mode Phrygien des grecs.


mi---fa------sol------la-(4/4)-si---do------ré------mi







CLASSIFICATION DES GENRES III

Les genres issus de la gamme arabe fondamentale

I. Le genre RAST: 4/4, 3/4, 3/4 + (4/4)



Ce mode est un des plus utilisés. Cette progression mélodique est considérée comme la plus régulière, la plus naturelle.

Il fait naitre un sentiment de fierté, de puissance.


do------ré----mib+----fa-(4/4)-sol------la----sib+----do


1Rast.jpg

Fichier audio : 1Rast.mp3

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